Une chose que j’aimais chez mon ex, c’est qu’il était d’une franchise rare. Un peu trop rare même. Ce que j’ignorais, c’est qu’il me renvoyait une parfaite copie de ma propre personne à l’époque. Il disait tout haut ce que les autres pouvaient penser tout bas et surtout,il me disait tout haut, ce que je ne laissais pas forcément les autres murmurer même tout bas. J’étais très susceptible à l’époque et le moindre mot utilisé dans le mauvais contexte pour s’adresser à moi vous donnait accès à la définition immédiate de ce mot et dans quel sens vous devriez l’utiliser la prochaine fois, en voulant vous adresser à moi. J’étais un véritable dictionnaire ambulant, d’une intelligence que le manque de sagesse amenait à mal utiliser : j’étais devenue trop orgueilleuse, trop perfectionniste, trop exigeante envers les autres, trop condescendante, trop snob.
Je ne m’en rendais pas forcément compte parce que j’avais énormément d’amis mais mes amitiés ne duraient pas vraiment longtemps. Les gens déchantaient systématiquement pendant un moment, quitte à aller s’essouffler avant de revenir. J’avais le sens de l’humour, j’avais une spontanéité plutôt rare, et l’on pouvait compter sur moi pour être 100% franche. Et sur ce dernier point, les gens étaient plutôt servis. Je complimentais chaudement quand j’étais enthousiaste et je pouvais me montrer extrêmement mordante quand je faisais des reproches. Je ne savais pas faire autrement, j’étais extrémiste. Alors quand je suis tombée sur cet homme qui faisait exactement comme moi, cela m’a beaucoup amusé parce que je me suis dit qu’il y avait au moins une personne qui comme moi n’était pas hypocrite. Seulement, mon ex faisait bien mieux que moi dans le sarcasme,au point où mêmes ses compliments étaient sarcastiques. Avec le temps, je me suis rendue compte que je devenais maladroite. Je ne savais pas exactement quand je faisais les choses en bien ou mal. J’avais l’impression que je ne faisais jamais rien de bien. Il avait toujours un commentaire à mes propos, avait toujours une opinion sur mes actions.
Peu à peu, j’ai commencé à perdre ma spontanéité en sa présence. On avait le même âge mais j’avais l’impression de sortir avec mon grand-père, tellement il était autoritaire. « Arielle tu devrais faire ci », « Arielle tu n’as pas fait ça », » Ah jeune fille, j’ignorais que tu étais aussi intelligente que moi ». Parfois quand je le quittais, je me surprenais en train de surveiller mes actes,pour ne pas dire ou faire une bévue. Plusieurs fois j’eus envie de le quitter, mais à chaque fois il me donnait l’impression que je ne trouverai pas meilleur ailleurs, que je faisais une erreur. Et je continuais de perdre confiance en moi,au fil du temps.
D’une certaine façon, j’étais heureuse de ne pas tomber sur un homme qui cédait à tous mes caprices et surtout, de tomber sur un homme qui ne m’ennuyerait pas au bout de quelques mois. Mais quelque part au fond de moi,j’étais persuadée que je filais du mauvais coton, à cette allure là. Je n’avais plus aucune personnalité,je me sentais outrageusement dominée et je commençais à développer une violente rébellion contre lui. Au moment où il s’y attendait le moins, j’ai mis fin à tout et je suis partie. Pendant un bon moment, je ne voulais strictement plus rien entendre des hommes et pour moi, il était la pire référence. J’avais désormais développé une attitude défensive contre tout ce qui pouvait ressembler de près ou de loin à de l’autorité masculine et à du machisme. Je trouvais folle chacune de mes amies qui se soumettait à un homme car je me disais « Plus tu fais des concessions,plus tu subiras sa domination ». J’ai mis du temps à comprendre que mon ex était le parfait exemple de qui je devais cesser d’être. Je n’inspirais pas vraiment confiance aux autres autour de moi,parce que je manquais trop de confiance en moi pour apprécier et encourager les aptitudes des autres, spécialement celles que je n’avais pas. Comprendre cela a été le début d’un processus de guérison. Guérison de la haine envers mon ex, de la méfiance envers les autres. Guérison de la peur d’échouer parce que les autres pourraient être plus brillants.
Aujourd’hui quand je revois mon ex, il n’a pas vraiment changé. Mais je comprends qu’il a été une véritable bénédiction déguisée. Bénédiction parce que je n’aurais pu aller à meilleur école, déguisée parce que je n’avais pas saisi la véritable leçon que Dieu voulait me faire percevoir à travers lui.
Découvrir les pensées de Dieu derrière chaque personne qu’IL mets sur votre chemin vous fait comprendre quatre choses :1)Il y a des amis pour une raison.2)Il y a des amis pour une saison.3)Il y a des amis pour la vie.4)En chaque personne rencontrée,il y a une opportunité de mûrir, dans le rire ou les larmes. Alors n’en veux à personne, retiens ce que tu as appris des gens,apprends à partir ou assumes quand tu restes..
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