Arielle Heaven

Arielle Heaven

Quand j’étais enfant, j’avais une cousine que je supportais difficilement. Elle était mon aîné d’environ douze ans, ce qui,je crois, lui donnait l’impression qu’elle pouvait me donner des ordres quand elle le voulait, où elle le voulait, comment elle le voulait. Jamais de « s’il te plaît ». Elle m’irritait tellement que si je le pouvais, je lui aurais souvent dit ce que je pensais de ses manières. Ah il fallait l’entendre interdire des choses. « Arielle tu ne dois pas faire ci,tu ne dois pas faire ça ». Et son air autoritaire décourageait en moi l’idée de lui désobéir. J’avais trop peur de ses sanctions. Avec le temps, nos rapports se sont perceptiblement améliorées, au point où en Juillet dernier,lorsqu’on s’était retrouvées pour un anniversaire,nous avons partagé des fous-rire.

Jamais je n’avais su qu’elle avait un tel sens de l’humour ! C’était une vraie pagailleuse au fond ! Et en discutant avec elle, je me suis rendue compte qu’en dépit de l’air revêche qu’elle semblait afficher, elle a en réalité un coeur d’or. Le week-end passé, nous étions à un enterrement à Lomé et nous avons remis le couvert. Des instants magnifiques faits de taquineries, de gentils petits coups bas. L’occasion se prêtait à la tristesse, mais nous, nous étions joyeuses, heureuses, complices. Hier soir j’étais avec elle, et elle m’a dit « Arielle va me chercher un verre d’eau. » Toujours pas de « s’il te plait ». Mais au lieu d’être agacée, j’étais amusée. Au lieu de trainer les pas, je me suis précipitée avec plaisir pour la satisfaire. Qu’est-ce qui a changé à votre avis ? Eh bien,je vous le dirai : avec le temps, j’ai fini par me rendre compte que ma cousine n’était pas qui je croyais. Avec le temps j’ai fini par comprendre que ses interdictions n’étaient pas contre moi mais pour me préserver. Avec le temps j’ai fini par accepter son autorité, non forcément parce qu’elle est l’aînée, mais parce que j’admets qu’elle le mérite,pour qui elle est. Aujourd’hui, je ne vois plus ses ordres comme ceux d’une grande soeur, mais je les considère comme étant les demandes d’une amie, d’une complice. Je n’ai plus peur de ses coups, mais cela n’empêche pas que je veuille lui obéir,parce que désormais, la peur a été remplacée par le respect, le désir de lui plaire, de lui faire savoir qu’elle peut compter sur moi. Aujourd’hui, je sais que je ne veux plus être la seule à lui tendre la main pour lui demander de l’argent. Je veux qu’elle sache qu’elle peut compter sur moi aussi si elle en a besoin…

Mes rapports avec ma cousine illustrent ceux que nous avons souvent avec Dieu. Au début, nous Le percevons comme quelqu’un de revêche, avec un bâton à la main pour nous corriger lorsque nous desobeissons à Ses « nombreuses » interdictions. Mais à mesure que nous nous donnons la peine de voir au delà, lorsque nous donnons à notre relation des chances de s’améliorer avec le temps, nous comprenons que Dieu n’est pas qui nous croyions. Alors nous sommes plus enclins à Le servir, sans contrainte mais avec un immense plaisir. Que ce soit à des occasions de joie comme de tristesse, notre coeur est serein et content, parce qu’Il est là et que nous avons la certitude que de pouvoir compter sur Lui. Puis vient le moment où nous voulons que Dieu aussi puisse compter sur nous,qu’Il sache que nous serons également là pour Lui.Nous devenons alors des amis de Dieu, des complices de Dieu, des partenaires de Dieu. Et nous comprenons qu’il y a plus d’avantage à etre un partenaire, un associé de Dieu. Car il n’y a rien sur terre et dans les cieux, pour lequel Dieu ait jamais échoué. Dès cet instant, nous arrêtons d’être des vaincus pour devenir des vainqueurs. Nous arrêtons d’être victimes des circonstances pour devenir décideurs des circonstances. Nous arrêtons d’avoir le diable au dessus de nos têtes pour l’avoir sous nos pieds, exactement là où il mérite d’être. Que Dieu nous accorde la grâce, non de demeurer Ses enfants, mais de devenir Ses amis…

 Arielle Heaven