Arielle Heaven

Arielle Heaven

Lorsque je suivais mes cours de Master,j’étais soumise à un rythme effréné auquel je n’aurais jamais songé. Après le boulot, j’allais au cours puis rentrais vers 23h,fatiguée. Parfois j’étais si fatiguée qu’il ne me venait même pas à l’esprit de manger. Je m’endormais aussitôt après la douche. Parfois je me reveillais la nuit pour me rendre compte que je n’avais pas eu le temps de me déshabiller.

Et les matins,c’était une autre histoire. Je me reveillais en sursaut pour me précipiter sous la douche, n’ayant pas entendu le réveil sonner après avoir passé de longues heures à étudier durant la nuit. Au milieu de tout ceci, je n’avais guère le temps de prier comme j’avais l’habitude de le faire : ni le jour, ni la nuit. Et chaque nouveau jour, j’avais l’impression que Dieu se fâcherait pour de bon contre moi.

Alors, lorsque je finis mes études, ma première priorité fut de mieux servir Dieu. Je suis revenue sur Facebook après une absence de 2 ans,j’ai commencé à écrire des statuts kilométriques mais qui avaient l’air d’être utiles, je me consacrai à l’interprétation en français de nos cultes célébrés en anglais, je m’inscrivis au département de l’entretien pour veiller à la propreté de la maison de Dieu, je me portai volontaire pour enseigner la classe anglaise pour le catéchisme. J’étais occupée. Et j’étais soulagée. Je me disais que je me rachetais auprès de Dieu,pour tous ces moments où j’ai manqué d’être là. Mais à mesure que le temps passait, je commençai à noter en moi un vide. J’avais l’impression de tout faire de façon mécanique, je ne ressentais aucune passion. Et plus j’insistais, plus j’avais l’impression d’être une actrice jouant un rôle. Je me sentais hypocrite. Envers tout le monde, envers Dieu, envers moi-même.

J’avais l’impression de tout faire de façon mécanique, je ne ressentais aucune passion. Et plus j’insistais, plus j’avais l’impression d’être une actrice jouant un rôle. Je me sentais hypocrite. Envers tout le monde, envers Dieu, envers moi-même.

Un jour, en plein culte de semaine, j’étais sur l’estrade à interpréter quand des pensées me vinrent « Tu ne mérites pas d’être là, tu es une hypocrite ». J’étais tellement sidérée et choquée par la violence de cette phrase que je mis quelques secondes à me rappeler que je devais interpréter ce qui venait d’être dit. L’Assemblée me regardait, attendant de comprendre le message,le Pasteur m’attendait, réfréné dans son élan. J’essayai de parler mais aucun mot ne sortit. Je regardai le premier interprète à quelques mètres de moi,allai à lui et lui remis le micro. C’était la dernière fois que j’interpretais. Pendant de longs mois. Je pris congé à la fin du culte sans avoir pu valablement justifier mon attitude et je rentrai chez moi. J’ignorais que c’était le début d’une dépression qui me coûterait cher. Je ne voulais plus voir personne, entendre personne. Je ne rentrais qu’à la maison après le boulot et j’avais éteint mon portable pendant un moment. Je quittai l’église quelques temps après, contribuai au déclin de mon couple déjà fragile, puis je me retins in extremis pour ne pas donner ma démission au bureau.

Pendant ce temps, je continuais de véhiculer des messages de foi sur mon profil Facebook, les idées surgissaient chaque jour et je ne savais pas comment y mettre fin. Je décidai de désactiver mon compte. Je me sentais menteuse et hypocrite d’encourager des gens par des messages qui n’arrivaient même pas à m’encourager moi-même. Je voyais des gens que j’ai vu commencer à aller à l’église depuis peu commencer à tenir des réflexions qu’en des années je n’avais expérimentées. Je me dis que Dieu m’avait abandonné et choisi de se révéler à d’autres. Je me livrais à des comparaisons qui n’avaient pour autre objectif,rien d’autre que l’autodestruction. Jusqu’au jour où je fis la connaissance d’un jeune homme. Aujourd’hui, je ne saurais réellement expliquer comment il fit irruption dans ma vie, mais pendant pratiquement deux mois, il fut là chaque jour que j’eus besoin de lui. Même les jours où je n’en avais besoin, il s’imposait. Gentiment, subtilement, patiemment, fermement. J’ignore le nombre de fois où je l’ai renvoyé, durement. Pourtant il subissait l’humiliation et revenait me parler.

De Dieu, de Son amour, de Ses projets pour moi et au travers de moi. Parfois j’y croyais mais dès qu’il s’en allait, je reprenais avec les sombres pensées et il devait répéter encore et encore les mêmes choses les jours suivants. Puis petit à petit je remontai la pente. J’epousai pleinement les messages qu’il me passait depuis des semaines: 1)Dieu m’aime, non pour mes actes, mais parce qu’Il m’a créée à Son image. 2)Dieu ne me compare à personne et ne me veut concurrencer personne en ce qui concerne la foi:IL a des projets distincts pour chacun de nous et nous utilise différemment, parce que chacun est créé unique.3)La relation avec Dieu est un voyage et non une destination, un processus et non un produit.A cet effet, elle sera soumise à l’épreuve du temps, du silence et de la fidélité.. J’ai compris cela et bien autre chose:Dieu ne nous abandonne jamais, et même quand nous le croyons parti, IL nous envoie une main salvatrice.

Arielle Heaven